Deux projets en cours d’écriture et en montage de production, imaginés, écrits et mis en scène par Pauline Laidet pour la saison 2021/2022:

LE LAC

Le lac est une pièce courte qui peut s'adapter à des lieux non-théâtraux, écrite pour deux comédiennes.

Le lac s'empare de la légende du Lac des Cygnes du point de vue d'Odette, cette jeune femme qui ne peut vivre son histoire d'amour librement, à cause du sort qui lui a été lancé et qui l'a transformée en cygne. Odette ne sera donc pas une femme mais un oiseau, à moins d'être aimée en retour. Etrange prison...

Le lac des cygnes est une ballet classique inspiré d'une légende germanique sur une musique de Tchaikovski, et qui a connu plusieurs dizaines de versions chorégraphiques.
C'est donc un rêve d'enfant que je réalise en proposant aujourd'hui ma version du lac. Une version qui s'intéresse à ce corps métamorphosé, corps entravé, corps à qui on a refusé sa féminité, le corps d'Odette.

Une version qui partirait d'une fausse piste: celle du monologue d'Odette dans son bain et qui se raconte. Bientôt, un autre corps émerge de ce bain. Commence alors une lutte entre ces 2 corps enfermés dans cet espace étroit de l'intimité: la baignoire. Une lutte entre deux âges: une Odette qui se raconte et une Odette qui revient, corps morcelé et surgissant, avec la puissance et l'étrangeté de souvenirs enfouis.
Cette Odette, presque tentaculaire, questionne ainsi l'entrave vécue et ce que ça raconte de notre rapport à la féminité, mais aussi à la norme, à la beauté, à la « pureté », à sa place à tenir. 
Si le sort qu'Odette a reçu du sorcier n'était rien d'autre que celui de la conformité et de ce qu'on doit faire taire pour se « conformer ». 

Cette pièce continue d'interroger une des thématiques qui m'est chère depuis longtemps: celle du combat entre un corps social, contenu et un corps souterrain, brut, qui exulte et tente de prendre (enfin) toute sa place. Le spectacle aura la forme d'un monologue sans cesse interrompu soit par ce corps surgissant, soit par des voix plus fantomatiques d'autres femmes-et-hommes-cygnes qui témoigneront à leur tour du « sort » qu'ils ont reçu pour se taire et rester à leur place et comment ils ont décidé de rompre ce sortilège.

Ces voix enregistrées seront le résultat d'un travail d'enquête sur le territoire et de témoignages de personnes volontaires et/ou le fruit d'un atelier d'écriture.

Ce spectacle naitra d'un dialogue fort, essentiel avec la musique de Tchaikovski, revue et interprétée par un.e compositeur.trice / musicien.ne au plateau.



Où nul de nous attend

Où nul ne nous attend est une pièce de groupe, qui interroge les places sociales de chacun.e par le prisme de notre rapport à la réussite: qu’est-ce que nous entendons par ce mot ? Et quel chemin nous fait-il prendre ?

Après plusieurs années de séparation, un groupe de sept ami.e.s d’enfance se retrouvent dans une maison isolée appartenant à l’un.e d’entre eux. Se pose alors la question brûlante : qui sommes nous devenus ? Avons-nous réussi à devenir ce que nous nous étions promis d’être ?

Ce spectacle s’attachera à suivre les retrouvailles de ces personnages tout en donnant à voir des flash-back et flash-fowards de l’enfance à l’âge adulte et jusqu’à la vieillesse, jusqu’à la mort de certain.ne.s, dans une succession de tableaux oniriques, puisants dans un travail chorégraphique.

Avec les comédien.nes et musicien.ne au plateau, nous donnerons à entendre l’entremêlement de pensées intérieures d’où surgiront quelques rares dialogues, sur une partition physique précise et dé-réalisée. Il s’agira de travailler les corps fantasmés des enfants et adolescents de ces personnages et qui ressurgissent et se confrontent aux corps tenus, corps sociaux, corps entravés, corps fatigués d’aujourd’hui et des corps âgés à venir.

Chacun.e tente d’exister différemment, de briller, d’être celui.celle qui a réussi. Chacun.e tâchera de retrouver l’énergie passée qui faisait foi, retrouver les corps complices, retrouver la suavité, l’élan, les rires et l’intensité. Si bien qu’on ne saurait dire pourquoi ce groupe a implosé.

Le fil rouge qui sous-tendra ce spectacle sera la scène centrale du roman Les Vagues de Virginia Woolf, celle de l’attente de « Perceval », l’ami lumineux qui catalyse les désirs, envies, jalousies de chacun.e, et qui arrive enfin.

Où nul de nous attend ne sera pas une adaptation des Vagues, mais une variation autour de ces personnages tels que je les imagine si ils vivaient aujourd’hui, afin d’écrire collectivement cette pièce et d’interroger notre époque dont nous sommes les témoins.

Voici quelques pistes sur ces personnages autour desquels la pièce se construira:

Perceval : figure androgyne du désir. Le spectateur ne saura jamais si c’est un homme ou une femme. Il.elle incarne l’inaccessible et à qui chacun.e aimerait profondément plaire.

Louis : Le red jacket (désigné ainsi par son entreprise pour récompenser ses performances commerciales), ancien mari de Rhoda. Il n’y a pas de réseau internet dans cette maison, ce qui destabilise dangereusement son rapport au travail.

Rhoda : Ancienne femme de Louis. Sans aucune nostalgie pour leur passé commun, elle n’a pas envie d’être là. Sculptrice de renom, elle a mis sa carrière de côté pour recommencer la même statuette depuis dix ans.

Suzanne : Femme engagée aux convictions écologiques, elle a construit sa vie loin des paradigmes de confort, de compétition et de consommation.

Bernard : Auteur de roman célèbre. Il se réjouit de cette occasion qu’ils ont de se retrouver. Il a tout organisé : les courses, les menus, il veut aussi leur faire lire le début de son prochain roman.

Jinny : Directrice d’une franchise de parfumeries, elle ne doit son ascension qu’à elle-même. Son charisme est éblouissant tout autant qu’écrasant. Éperdument amoureuse de Perceval.

Neuville : Depuis plusieurs années, il vit sans revenu dans un squat. Personne de ce groupe d’amis n’était au courant de ce qu’il était devenu : un de ces invisibles qui dérangent. Éperdument amoureux de Perceval.